Le Bellec Mathurin
^Lignol

⌘ Le Bellec Mathurin

⌘ Le Bellec Mathurin

C'est le 20 juin à 7 heures du soir, que Mathurin, âgé de 36 ans, laboureur habitant Saint-Yves, vient déclarer la naissance de son fils né du légitime mariage avec Françoise Le Gorjus, ménagère. Ils le prénomment Mathurin ; l'enfant présenté à l'officier d'Etat-Civil est né le jour précédant à 1 heure du soir.

Mathurin, père, est accompagné de deux témoins comme il est d'usage ; le premier s'appelant Joseph Le Prévost, journalier âgé de 37 ans habitant Lignol ; et le second se dénommant Jean Le Motolier, laboureur habitant aussi Lignol.

Les témoins ne sachant signer ,seul le maire, Joseph Monpas, signe l'acte de naissance.

◎ Le dernier jour

Ce début de guerre qui devait être fraîche et joyeuse comme l'affirmaient journaux et politiques mais ne sera que sanglante et douloureuse voit les soldats de 1914 se battre à la mode ancienne: ils sont plus proches du soldat de Napoléon que du combattant moderne. En 1914, comme au siècle précédent, le soldat marche avec son barda, son fusil et ses tenues voyantes. On charge à la baïonnette comme lors des batailles napoléonniennes en n'ayant pas compris que l'artillerie et les armes modernes sont terriblement dévastatrices. Mathurin est de ces soldats et ne connait rien de la guerre moderne. Comme des milliers d'autres, il le payera de sa vie et disparaît à une date fixée au 5 octobre 1914.

Les jours prédédent, le régiment a subit multiples bombardements allemands et vu de fortes pertes. Nous pouvons noter que le 1 octobre, ils ont chargé le village de Monchy à la baïonnette ; que le 2 octobre, 1 officier et 152 hommes sont tués, blessés ou disparus et le journal du Régiment note multiples et violents combats depuis le 1° octobre.

Voyons les évènements du 5 octobre, jour officiel du décès de Mathurin qui, nous le pensons, est sans doute mort lors de ces journées de combats ; peut-être le 2.

◎ Ce 5 octobre 1914

• 05-10-1914
  
  Le poste du commandant est bombardé. Le Commandant Quilichini est blessé grièvement ; le sous-lieutenant Marchal est tué ; 3 agents de liaison sont blessés.
  
  Le général Menissier, commandant la 39° Brigade, transmet au Lieutenant-Colonel l'ordre au 10° Corps d'Armée d'envoyer les troupes disponibles d'abord à Achicourt puis à la station de Dainville. Les 5° et 12° compagnies sont désignées pour cette mission. La 11° est demandée au Général Barbot dans ce but.
  
  Le Lieutenant-Colonel reçoit l'ordre au Bac-du-Nord, route d'Arras à Doullens ; ordre donné par le Général Commandant la 19° Division de prendre le commandement du secteur Beaumetz - Bellacourt - Rivière - Brettancourt.
  
  Les 5° et 12° ne rejoindront pas. La 11° est gardée par le Général Barbot.
  
  Le Lieutenant-Colonel dispose 1 bataillon du 48° RI à la lisère sud de Bellacourt et 3 Compagnies du 270° entre Bellacourt et Brétencourt.
  
  >En 2° ligne à Beaumetz, 2 compagnies du 270° sur la commune de Bray ; 2 compagnies du 70° sur la commune de Pierron ; 1 compagnie du 31° batatillon de Chasseurs est chargée de l'organisation des lisières Ouest-Sud et Sud-Est de Beaumetz.
  
  Le 1° bataillon s'installe au nord de la station près de la voie ferrée et construit des tranchées. Il reçoit l'ordre de battre en retraite sur Agny et Dainville.
  
  >Les 1° et 3° compagnies ont pour mission de tenir Wailly. Les 2° et 4° doivent se porter sur le front de Rivière et se mettre à la disposition du Lieutenant-Colonel de Barbe.

Ainsi dispariassait une vie ; il s'appelait Mathurin Le Bellec, jeune homme natif de Lignol, en Bretagne.